Vous trouvez ci-dessous des peintures et dessins à dominante rouge. Une couleur que l’on associe au sang, au feu, au cœur et à la passion amoureuse. Elle se voit de loin et est très utile pour alerter d’un danger ! C’est aussi la couleur de l’habit de notre cher Père Noël et du Petit Chaperon rouge… Une teinte que nous aimons particulièrement quand nous sommes enfants. Le rouge est une couleur forte, puissante, presque autoritaire, qui ne passe jamais inaperçue !
Tableaux contemporains de couleur rouge
La couleur de la naissance
Le rouge est souvent associé à la force vitale ; certains corps du paléolithique ont d’ailleurs été retrouvés allongés sur des lits d’ocre rouge. Plus tard, les défunts des premiers siècles de notre ère étaient entourés d’objets rouges dans leur tombe, destinés à les protéger dans l’au-delà et à leur permettre de récupérer des forces vitales. Les minerais comme le cinabre et l’hématite symbolisent le sang et la renaissance. En effet, cette couleur est présente à l’accouchement puisque le bébé naît couvert de sang. En enduisant un corps de poudre rouge, les hommes montrent donc qu’ils espèrent sa renaissance.
Le Rouge porte bonheur
Le rouge, selon les civilisations et les époques, est perçu différemment. En Égypte, c’est une couleur négative, qui évoque le dieu Seth, qui n’a rien avoir avec mon nom d’artiste Yann Seth, lequel n’a pas hésité à découper son frère Osiris en morceaux ! Ce dieu symbolise donc la cruauté, la ruine et le chaos, et son nom est souvent écrit en rouge. Au contraire, chez les Romains, le rouge porte bonheur et les hommes comme les femmes aiment porter des bijoux faits avec des rubis, des grenats, des jaspes du cinabre, du corail et des pâtes de verre colorées.
La couleur du luxe
La villa des Mystères, à Pompéi, construite au if siècle avant j.-C. et ensevelie par l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C., est célèbre pour ses murs recouverts de fresques d’un rouge brillant. Les peintres ont utilisé du cinabre, un minerai à base de mercure qui, transformé en pigment, a une teinte rouge vermillon. La scène qui court sur les quatre murs de la pièce représente le récit des préparatifs de noces, sans doute celles de la propriétaire des lieux. Celle-ci est assise : à sa gauche, une servante porte des gâteaux sur un plateau. La couleur est toujours éclatante malgré le temps passé, car ce rouge vermillon est amplifié par un mélange de cire et d’huile de lin posé sur les fresques, pour leur permettre de rester lumineuses. Ce rouge était très cher, on dit même qu’il coûtait aussi cher que le bleu égyptien. C’est pourquoi seuls les Romains les plus riches pouvaient se l’offrir.
Symbole du sang du Christ
Au Moyen Âge, la couleur préférée est le rouge. Mais, malgré cette préférence, il peut prendre plusieurs significations très opposées.
D’un côté, il évoque le feu de l’enfer, le dragon de l’Apocalypse, le diable et ses démons ; de l’autre, il est le feu de l’amour et du Saint-Esprit comme sur les langues de feu qui surgissent au-dessus des têtes des apôtres, et évoque aussi le sang du Christ, versé sur la Croix par amour pour les hommes.
Au XVI siècle, les hommes d’Église et les croisés, tous ceux qui sont prêts à donner leur vie pour défendre la foi et l’Église, portent une croix rouge sur leurs habits ou bien un objet de cette couleur.
Le rouge, un signe impérial
Dans les enluminures de l’époque carolingienne, l’empereur apparaît en rouge. Par cette couleur, il s’affiche comme le véritable héritier des anciens empereurs romains. Le manteau rouge fait partie des signes impériaux, au même titre que la couronne, le globe, l’épée, le sceptre et la lance. Pour compléter cette panoplie du parfait souverain, il y a aussi des chausses et des gants rouges !
L’empereur n’est pas le seul souverain à choisir le rouge, beaucoup de rois le feront par la suite. Seul le roi de France a voulu se différencier en choisissant le bleu !
À partir du sacre de Philippe Auguste en 1179 et jusqu’à celui de Charles X, en 1825, le manteau du roi est toujours d’azur – bleu, donc – semé de fleurs de lis d’or. Cependant, à partir du XVIe siècle, le rouge perd son intérêt, car il est devenu immoral de se vêtir d’une couleur trop voyante. Seules les femmes le portent encore, notamment pour leur mariage : les robes de mariée seront souvent rouges jusqu’au XIXe siècle.
Tableau du peintre Le Greco et le rouge
Le peintre Le Greco a réalisé un portrait exceptionnel du cardinal Fernando Nirio de Guevara, entièrement vêtu de rouge pourpre, Installé sur un fauteuil de la même couleur, il traduit avec brio les effets et les variations de lumière sur l’habit rouge de ce cardinal inquisiteur, qui décidait de la vie ou de la mort de personnes qui ne vivaient pas leur foi comme l’exigeait l’Église. Le rouge renvoie au prestige et au pouvoir de la fonction mais aussi au sang versé !
Art et fabrication du pourpre
Il existe de nombreuses teintes tirées de la nature.
La garance est une plante dont les racines ont un grand pouvoir colorant Séchées, écorcées et broyées, elles sont transformées en poudre, produisant un rouge mat.
On peut également obtenir des rouges à partir de matières animales : le kermès est tiré du corps desséché de certains insectes qui vivent sur et se nourrissent du chêne kermès. Il donne un rouge brillant. De même, la cochenille est un colorant utilisé depuis très longtemps en Amérique du Sud et qui a été importé en Europe.
Cette couleur est aussi appelée « rouge carmin ». Enfin, le pourpre, lui, est tiré du murex ou du purpura, des coquillages que l’on trouve sur les rives de la mer Méditerranée.
Ces rouges étaient très chers, car il fallait récolter beaucoup d’animaux pour en produire. Heureusement, à présent il est possible de créer toutes ces teintes chimiquement.
Le tableau rouge en cadeau de mariage
Aujourd’hui, le rouge est associé à la passion, à l’amour ; c’est la couleur du cœur de la Saint-Valentin. C’est en effet le symbole de l’amour mystique ou charnel. Regardez cette belle jeune femme, originaire de Florence, habillée de rouge, et ce jeune homme qui passe la tête par la fenêtre. Plutôt curieux, non ?
C’est un portrait peint par Fra Filippo Lippi vers 1440. Lejeune homme vient-il lui parler de son amour ? Lui faire sa demande en mariage ? La scène est surprenante. Les deux personnages sont presque face à face mais ne semblent pas se voir.
À la Renaissance, les plus beaux rouges sont réalisés à partir de kermès et sont l’apanage des riches. La robe et la coiffe de la jeune fille sont sans doute des présents offerts par le jeune homme pour leur mariage.
Ce tableau serait-il une liste de cadeaux de mariage ? La jeune mariée, peut-être Angiola di Bernardo, est-elle elle-même un présent ? Elle ne sourit pas à l’idée de cette union. C’est probablement un mariage arrangé.
Au même titre que la robe, les bijoux, la demeure et son jardin, elle semble être l’une des possessions du jeune homme, Lorenzo di Ranieri Scolari.
Tableau, Le cri rouge de l’artiste Edvard Munch
Aujourd’hui, le rouge est moins présent dans nos décors intérieurs, mais il a pourtant toujours un rôle très important : celui de nous avertir ! Pendant la Révolution française, un chiffon rouge affiché dans la rue servait à prévenir d’un danger. Les panneaux de signalisation rouges annoncent tous une interdiction.
La voiture de pompier est rouge pour qu’on la voie bien et qu’on la laisse passer, et il en va de même de la croix rouge des ambulances. Les expressions employant cette couleur sont nombreuses et indiquent un danger : alerte rouge, téléphone rouge, être dans le rouge…
Lorsque Edvard Munch réalise son œuvre, Cri, en 1893, c’est une alerte rouge qu’il nous envoie. Le ciel est devenu entièrement rouge, la rambarde et certaines lignes du pont aussi. Le personnage bleu qui s’y promène s’est arrêté pour se boucher les oreilles et peut-être crier.
Ce dessin, où les lignes de couleur ondulent comme des ondes lumineuses et sonores, trouve un écho en chacun de nous. En effet, il semble dépeindre une peur bleue associée à l’avertissement rouge du danger.
Edvard Munch a écrit : « Je me promenais sur un sentier avec deux amis – le soleil se couchait – tout d’un coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué, et m’appuyai sur une clôture – il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville – je sentis un cri infini déchirer la nature. »
Munch utilise les couleurs pour traduire ses émotions les plus fortes : Le Cri exprime à la fois la mélancolie, l’anxiété et la vulnérabilité. Son utilisation de la couleur est très intuitive et subjective. Quant au personnage, est-ce l’artiste ? Sans cheveux, les yeux creux, il ressemble davantage à un fantôme et représente plutôt une personnification de son angoisse.