Envie d’acheter en ligne une peinture orange, c’est une couleur très lumineuse, comme le jaune. Rien d’étonnant puisque c’est sa cousine. Elle naît du mélange du jaune et du rouge, mais existe aussi à l’état naturel. Ce n’est pas votre couleur préférée ? Certains artistes, eux, l’apprécient tout particulièrement…
Tableaux contemporains de couleur orange
Un tableau orange sucré
Chaque couleur porte un nom, dont l’histoire remonte parfois très loin dans le temps. Avec l’orange, c’est différent. Son nom apparaît au Moyen Age pour une raison gourmande : l’apparition en Europe de l’orange amère, transmise par les Arabes et cultivée en Sicile.
Puis à la fin du XVe siècle, l’orange douce de Chine, où elle existe depuis deux mille deux cents ans, arrive par bateau, importée par les Portugais.
Plus sucrée et agréable à manger, elle détrône l’orange amère et connaît un grand succès. C’est à partir de ce moment, parce que l’orange est sur les tables, que le fruit donne son nom à la couleur et que l’on cherche à l’imiter en teinture et en peinture.
Une couleur très symbolique
À la Renaissance, l’orange est le symbole de la beauté, de l’amour, du plaisir, de la fécondité et de la prospérité. Mais sur la table du peintre espagnol Francisco de Zurbarân, le fruit revêt un autre sens. Dans la Séville du XVIIe siècle où vit l’artiste, les orangers fleurissent, embaument et embellissent les rues.
Au centre de son tableau, les oranges sont encore attachées à la branche couverte de fleurs blanches. Celles-ci représentent la chasteté et la virginité de la Vierge Marie. L’eau claire dans la tasse évoque aussi la pureté de la mère du Christ. La présence de trois éléments sur cette table de bois sombre évoquerait quant à elle la sainte Trinité : Dieu, le Christ et le Saint-Esprit.
Peindre des symboles positifs
L’orange ne sera jamais autant apprécié que le rouge, mais il sera préféré au jaune, qui est une couleur mal aimée et portée par des personnes appartenant à des catégories sociales dépréciées (prostituées, bagnards, artistes, juifs, etc). Parce que son éclat rappelle le fruit dont elle porte le nom, cette couleur est associée à des symboles positifs : en Occident, elle est liée à la beauté, la santé (prenez de la vitamine C !) et la fécondité, comme en Chine et au Vietnam.
L’orange sur la palette du peintre
Pour produire de l’orange, rien de plus simple ! Les teinturiers qui travaillaient avec du jaune et du rouge avaient juste besoin de plonger les tissus dans le rouge puis le jaune ! Mais les couleurs obtenues manquaient d’éclat. Il existe aussi l’ocre orange, toujours très utilisée pour créer des peintures naturelles pour les murs intérieurs des maisons.
Au XVe siècle, grâce au commerce avec l’Inde, on ramène des bois étranges qui sont rouges et peuvent teindre en rouge ; puis, un peu plus tard, c’est en Amérique du Sud que l’on découvre le bois de campêche, qui permet de faire de très beaux rouges, moins coûteux. Ces rouges permettront d’obtenir des oranges plus lumineux.
La couleur de l’aurore et de l’or
La robe des moines tibétains est orange et jaune. Ces teintes sont à l’origine obtenues avec du safran, une épice sacrée pour les bouddhistes. Elles représentent la couleur de l’aurore et celle de l’or, symbole de pureté puisqu’il est inaltérable. Porter une robe orange est donc un signe de sagesse et de renoncement. Mais ces teintes au safran sont fragiles et très coûteuses, car il faut prendre la partie supérieure du pistil de la fleur et donc en utiliser beaucoup. Elles ont peu à peu été remplacées par un colorant extrait du rhizome de la rhubarbe, beaucoup moins cher.
Degas, lumière orange et chevelure rousse.
Dans la boutique de la modiste, tout est baigné d’une lumière orange, le comptoir, les chapeaux, les rubans, le sol, et même la chevelure de la modiste. Edgar Degas, qui a réalisé cette œuvre d’art au pastel, apprécie les jeunes femmes à la chevelure rousse, saisies en plein travail ou bien à leur toilette. Pourquoi ? Il veut capter le mouvement, ce qui les rend bien plus présentes et vivantes.
Ici, il s’arrête sur l’attitude de l’ouvrière concentrée sur son chapeau, une épingle à tête orange entre les lèvres. C’est un instantané, comme s’il l’avait prise en photo. Edgar Degas est-d’ailleurs photographe à ses heures perdues, et il aime inviter ses amis à prendre la pose. Mais il y a quelque chose d’étrange dans cette image… Elle nous donne l’impression que l’artiste s’est placé au-dessus du comptoir.
C’est en effet plus pratique pour bien voir les chapeaux et mettre en valeur le talent et le savoir-faire de la jeune femme. Il a ainsi cherché à mettre en avant les chapeaux comme s’ils étaient des ballerines sur une scène d’opéra.
Chez Degas, tout est savamment organisé et pensé. Chacune des compositions de cet artiste exigeant est construite de façon à créer un équilibre entre les couleurs et le dessin. D’ailleurs, regardez sa manière de traiter la couleur : les aplats sont rarement lisses, ils sont souvent animés de lignes qui font vibrer les couleurs et les formes. Degas est un virtuose du dessin et de la couleur.
Le tableau « Rouge, orange, orange sur rouge » de Rothko
Mark Rothko est encore plus radical dans son emploi de cette couleur. Pendant les années 1950, aux États-Unis, il peint de très grandes toiles où il mêle des couleurs chaudes, comme dans ce tableau de 1962 intitulé Rouge, orange, orange sur rouge. Cette grande surface irradie de lumière.
Il n’y a pas d’objet ou de sujet représenté, juste des formes qui ne sont ni des carrés, ni des rectangles. Leurs bordures sont floues. Le peintre prépare souvent lui-même ses couleurs. Sur la toile vierge, non préparée, il applique une fine couche de colle à laquelle il a mélangé des pigments, puis II ajoute d’autres mélanges de couleurs très dilués, à tel point qu’elles semblent à peine se fixer sur la surface.
C’est ainsi qu’il parvient, après application de plusieurs couches, à créer cette impression de transparence et de lumière qui semble surgir de l’intérieur de la toile. Que ressentez-vous en la voyant ? Quelle émotion ? Un sentiment de chaleur ? de réconfort ? d’espoir ?
Il faut imaginer que la toile fait plus de 2,30 mètres de hauteur ; sa taille imposante nous envoie des ondes colorées bienfaisantes. L’orange est bien une couleur dynamique, qui donne de l’énergie et réconforte si l’on se sent fragilisé. Il est rare que ces grandes surfaces colorées nous laissent indifférents. Même s’il n’y a pas de sujet concret, Rothko, grand maitre du mouvement Expressioniste abstrait considère que ses tableaux ne sont pas abstraits,
Avec eux, il cherche à exprimer « des sentiments humains fondamentaux, la tragédie, l’extase, le destin funeste ». « Mon art n’est pas abstrait il vit et respire », explique-t-il.