Le Blanc, c’est la couleur de la lumière, mais aussi celle de la pureté et de la propreté. Le blanc est-il la réunion de toutes les couleurs, comme le spectre de la lumière, ou au contraire son absence ? D’ailleurs, quand c’est blanc, on dit souvent qu’il n’y a rien à voir : une page blanche ou une toile blanche.
Tableaux contemporains de couleur blanche
L’origine du nom « Blanc »
Le mot « blanc » vient du terme germanique blank, qui signifie brillant, clair, sans tache et nu. Nous avons hérité d’autres mots qui sont synonymes de blanc. Albus, en latin, décrit un blanc moins brillant, plutôt mat : celui de la blancheur du jour qui se lève, d’où notre mot « aube ».
Un autre mot latin, candidus, désigne, lui, un blanc lumineux ; c’est de ce mot qu’est issu notre « candidat ».
Pourquoi ? Parce que, chez les Romains, si l’on se portait candidat à une fonction dans la vie publique ou à un poste officiel, il fallait revêtir une toge blanche qui annonçait la couleur de votre âme, une âme pure et sincère, bien sûr ! Le blanc évoque donc aussi la sagesse et la vertu.
Une couleur de passage
En Chine, on ne s’habille pas en noir pour accompagner un défunt, mais en blanc, car le mort s’en va au royaume de la pureté et des deux. Cette couleur blanche est pour les Chinois celle de la pureté, de la lumière et de la propreté. En Occident elle prend ces significations lors d’autres événements : c’est après le baptême que le candidat reçoit un vêtement blanc.
Il souligne le passage d’un état vers un autre, le fait d’abandonner sa vie d’avant pour aller vers une vie guidée par Dieu. Quant à la robe des mariées, elle n’est blanche que depuis le XIXe siècle.
Le blanc évoque aussi la pâleur des morts, la couleur des fantômes et celle des cheveux des personnes âgées, ceux-ci marquant un autre passage de la vie qui, paraît-il, mène à la sagesse…
S’habiller en blanc
Comment expliquer que certains religieux chrétiens, notamment les moines, s’habillent en noir, d’autres en marron, en gris ou en blanc ? Cette question se pose dès le XIIe siècle, lorsque l’abbé de Cluny, habillé de noir, adresse à l’abbé de Clairvaux, habillé de blanc, une lettre dans laquelle il lui reproche son orgueil : pour lui, le « blanc est la couleur de la fête, de la gloire et de la résurrection », alors que le noir symbolise l’humilité et le renoncement Saint Bernard, le moine blanc, lui répond que le noir est la couleur du diable, de l’enfer, de la mort et du péché, tandis que le blanc est la couleur de toutes les vertus, de la pureté, de l’innocence !
Les clunisiens resteront en noir et les cisterciens en blanc. Cette querelle démontre surtout que les couleurs ont toujours eu plusieurs sens symboliques.
Comment obtient-on du blanc
Le blanc de plomb, aussi appelé « céruse », est un pigment minéral blanc présent dans des gisements de plomb, qui est utilisé en peinture et en cosmétique. Déjà dans l’Antiquité, les Égyptiennes s’en mettaient sur la peau pour la blanchir.
Même si, au XVIIIe siècle, sa toxicité est reconnue, la céruse continue à être utilisée ; elle ne sera interdite qu’au XXe siècle. D’autres manières de produire du blanc apparaissent ensuite pour les artistes peintres : le blanc de zinc au XIXe siècle et le blanc de titane au XXe siècle.
Le tableau blanc peint par Monet
Fin 1868, Claude Monet peint un tableau tout blanc, représentant un paysage d’Étretat, l’hiver, sous la neige. C’est un bon prétexte pour réaliser un camaïeu de blanc, c’est-à-dire utiliser toutes les nuances de blanc.
En effet ce n’est pas parce que la neige a recouvert le paysage que tout devient blanc, et c’est ce qu’a voulu démontrer Monet.
Cette couleur fonctionne à la manière d’un miroir et reflète la lumière qui, comme à travers le prisme, se teinte de diverses couleurs. Ainsi, les ombres sont subtilement colorées de bleu.
Ailleurs, elles le sont d’ocre, de mauve ou de gris. C’est un paysage sobre où il n’y a quasiment rien à voir, si ce n’est un champ, une barrière, quelques arbres, une maison et le ciel. Pas de héros dissimulé dans un coin pour faire de ce lieu un tableau d’histoire ; les deux sujets dans cette toile sont la pie et la neige.
Le jury du Salon, seul lieu où les artistes peintres de l’époque pouvaient montrer leurs toiles et les vendre, si peu habitué aux couleurs claires et aux paysages peints sur le vif, n’a pas accepté cette toile, pourtant exceptionnelle.
Acheter un tableau blanc sur blanc
En 1918, en peignant un carré blanc sur un fond blanc le peintre russe Kasimir Malevitch ne cherchait pas à représenter un paysage polaire !
Il a réussi un sacré tour de passe-passe : malgré la correspondance des couleurs, le carré blanc est bien visible sur le fond blanc. Il peint donc bien quelque chose de visible.
Le carré du centre est d’un blanc un peu bleuté, tandis que le fond, qui est aussi un carré, est réchauffé par une teinte jaune. Les deux surfaces sont texturées, on peut voir qu’elles ne sont pas lisses et accrochent la lumière.
Ensuite, le carré est légèrement délimité par une ligne grise qui permet de le faire ressortir. Malevitch ne cherche pas à représenter l’absence, le vide ou le néant, mais plutôt un espace illimité.
C’est une quête de l’Infini, qui ressemble à une recherche spirituelle. L’artiste peintre souhaite « se détacher du globe terrestre » et créer un nouveau réalisme pictural qui tient compte de l’univers. Il n’y a pas de haut et de bas, pas de profondeur, mais une forme qui flotte dans l’espace blanc sur le tableau.
Le blanc est pour lui la couleur de l’infini.