Qui est Pablo Picasso ?
Artiste emblématique du XXe siècle, Picasso par son art révolutionnaire alliant la recherche cubiste à l’affirmation d’une vision très personnelle. Les ruptures stylistiques scandent son œuvre: périodes académique, «bleue» et «rose», cubisme, classicisme, surréalisme, avant-garde… Il libère l’imagination et la technique jusqu’aux portes de l’abstraction, mais se maintient volontairement dans le domaine figuratif. Il alterne violence et poésie. Intarissable, il expérimente toute sa vie des voies nouvelles, tant thématiques que plastiques et techniques.
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Dans ses toiles des périodes « bleue » et « rose », Picasso peint surtout des personnages : enfants, maternités, portraits de femmes puis saltimbanques, scènes de cirque.
Quand il aborde le cubisme, l’artiste privilégie les portraits d’amis, de ses épouses ou compagnes et ses enfants, mais peint aussi des nus et des paysages. Les natures mortes aux instruments de musique sont le sujet favori des papiers collés.
À partir de 1933, les thèmes taurins apparaissent. Les périodes classique et surréaliste et celles qui suivent montrent son attachement à la figure humaine, et à l’animal comme symbole.
Picasso multiplie les formats, les techniques et les supports; il travaille principalement à l’huile sur toile ou sur bois, mais introduit aussi des textures inédites. Il s’exprime au crayon comme au fusain et au pastel, à la gouache comme à l’encre sur papier ou sur carton.
D. H. Kahnweiler et A. Vollard sont ses premiers marchands; puis les collectionneurs et les galeristes européens et américains se pressent: Durand-Ruel, Metchianinoff, Bernheim Jeune, t. Rosenberg, puis R Rosenberg…
Picasso interroge toutes les formes d’expression héritées de l’histoire de l’art occidental comme celles des autres civilisations. De la Catalogne et de l’Espagne, il se remémore les maîtres anciens et la sculpture médiévale.
Il est ouvert à l’expressionnisme nordique, au post-impressionnisme français et à l’art italien, il se passionne pour l’art «primitif».
S’il voyage en Andorre, à Rome et en Espagne (1933 et 1934), Paris et le Midi demeurent ses terres d’élection.
Très jeune, il est sensible à E. Munch et à Toulouse-Lautrec, Gauguin, Puvis de Chavannes, aux nabis, à l’art passionné et monochrome de son ami catalan Nonell. Il assimile avec aisance le style de tous ces peintres.
La période «bleue» de Picasso (1901-1904) met en scène des figures pathétiques et immobiles, hispanisantes, d’un bleu glacial (Célestine).
La période «rose» (1904-1906) apparaît moins sombre, plus alerte {les Bateleurs). Puis l’artiste s’intéresse à l’Antiquité: les corps de ses personnages s’épaississent, prennent de la monumentalité (les Deux Frères).
Sa première rupture stylistique d’importance intervient en 1906; le peintre tend vers un « primitivisme » formel et vers une rusticité qui resteront des marques de son art (Portrait de Gertrude Stein). Ses formes se nourrissent de la sculpture ibérique et africaine mais aussi de Cézanne, sources de la révolution cubiste qu’inaugurent les Demoiselles d’Avignon.
Le cubisme de Picasso (1907-1914) met en jeu son intellect personnel, excluant tout manifeste esthétique : « Le cubisme a ses fins plastiques. Nous n’y voyons qu’un moyen d’exprimer ce que nos yeux et nos esprits perçoivent, avec toute la possibilité qu’ont, en leur qualité propre, le dessin et la couleur», déclare l’artiste en 1925. Il montre ce qu’il sait des choses et non pas ce qu’il voit. Il reproduit la réalité en supprimant la perspective, le modelé, le clair-obscur et la couleur illusionnistes hérités de la Renaissance, et déconstruit le volume en le présentant simultanément sous différents angles (face, profil, trois quarts).
Cette évolution esthétique, qui s’accomplit en accord étroit avec la démarche de Braque, compte trois étapes successives: le cubisme dit «cézannien» (1907-1909), issu de la leçon de Cézanne, le cubisme analytique ou hermétique (1909-1912) puis le cubisme synthétique (1912-1914).
La conception cézannienne de la forme des objets avait simplifié les volumes et les avait réduits à des solides géométriques qui affleurent le tableau, supprimant toute perspective. Dans sa période cézannienne, Picasso utilise des masses colorées de tons neutres pour unifier les pleins et les vides (Nature morte aux vases, 1906, Saint-Pétersbourg, Ermitage).
Le cubisme analytique, qui prolonge cette logique, gonfle et casse les volumes, les fait éclater en plans et en facettes (et en angles brisés) qui se prolongent dans un espace lui-même analysé comme un solide et tendant à se réduire au plan du tableau (Portrait de D. H. Kahnweiler). La perspective disparaît, la palette tend à devenir monochrome «la forme tend à se dissoudre dans son contraire et à se cristalliser en quelques signes de plus en plus hermétiques […] les toiles se réduisent à d’indéchiffrables rébus» (A. Fermigier, 1968). Tableaux et sculptures présentent un enchevêtrement de facettes ouvertes, dans un traitement continu et neuf de l’espace, du volume et de la lumière.
Mais devant le risque de dissolution du réel, la recherche menée par Braque et Picasso prend une autre direction et s’infléchit en un cubisme synthétique qui recompose l’objet en plans larges et non plus en volumes ; la réalité est réintroduite par la présence de lettres d’imprimerie peintes ou collées, de fragments de journaux et de matériaux bruts (Nature morte à la chaise cannée). La guerre, qui sépare Picasso et Braque, met fin à cette période (Portrait de Jeune fille).
En 1917, son goût de la, sculpture antique et du classicisme de la Renaissance romaine ramènent Picasso vers une figuration plus traditionnelle. Il connaît une période épicurienne et sereine (1917-1924), antiquisante et pompéienne, mettant en œuvre un dessin élégant et des formes monumentales d’inspiration épique (Trois Femmes à la fontaine). Il conçoit des portraits ingresques, à la ligne sinueuse, au rendu somptueux (Portrait d’Olga Kokblova) et des natures mortes aux bustes antiques.
Les années «surréalistes» (1924-1929) voient s’épanouir une production agressive, reflétant les perturbations causées par sa liaison houleuse avec Olga ; Picasso laisse parler son inconscient dans une atmosphère convulsive et onirique (la Danse). La figure féminine subit la violence des déformations et des couleurs. Les formes complexes, métaphores de la sexualité, se mêlent.
Au début des années 1930, la rencontre avec Marie-Thérèse Walter et les odalisques de Matisse lui inspirent des œuvres poétiques, sensuelles et calmes (leRêve). Il réalise des sculptures avec des objets de rebut et des gravures de thèmes cruels et mystérieux.
Picasso laisse de puissants plaidoyers contre les monstruosités de la guerre d’Espagne et de la Seconde Guerre mondiale dans Guernica et le Charnier. Les portraits de Dora Maar, déformés, hagards, disloqués, aux extrémités enflées et monstrueuses (la Femme qui pleure) traduisent son horreur de la guerre et du fascisme.
De 1946 à 1953, il immortalise la paix retrouvée et le bonheur familial avec Françoise Gilot.
Ses œuvres créées sous le soleil méditerranéen, où s’expriment robustesse et sérénité, renouent avec une Antiquité idyllique (la Joie de vivre) . Il abandonne la veine décorative.
Connu universellement dès 1949 par la Colombe de la paix, Picasso est un des artistes les plus célèbres et les plus féconds. À l’égal de Michel-Ange et de Léonard de Vinci, il change le cours de l’art.
Picasso invente une nouvelle plastique: le cubisme, qui révolutionne l’art du XXe siècle.
Il innove sans cesse dans les thèmes traités: ses natures mortes s’inspirent de l’univers des cafés et de la musique et il renouvelle la symbolique; l’oursin et le chat renvoient à la mort, le taureau matérialise la force masculine et le cheval blessé la féminité ( Guernica ). Les compositions, les déformations imposées aux figures créent l’émotion recherchée par le peintre et inspirent encore aujourd’hui l’artiste peintre contemporain.
Dans ses tableaux, Picasso introduit des papiers collés (journaux, étiquettes de bouteille) et des matériaux «vulgaires» tels que du sable, du plâtre ou un morceau de toile cirée représentant un cannage de chaise; il crée ainsi l’ancêtre des ready-made qui sera repris par Andy Warhol. Il compose le tableau-objet, associant le faux et le vrai. En sculpture, il assemble des objets ou leur empreinte dans le plâtre et des matériaux divers.
Son esthétique nouvelle traite simultanément un sujet sous différents angles, en réduisant les volumes à un ensemble de surfaces planes présentant de multiples facettes, décomposées.
Le visage, souvent sous forme de masque primitif, n’est pas épargné. Les nus, monumentaux et rustiques, imposent douceur ou violence, courbes ou angles.