Qui est Malevitch ?
Solitaire, Malevitch est une figure marquante de l’avant-garde russe (Ukraine). Formé à l’esthétique occidentale (impressionnisme, cubisme, futurisme…), il aboutit à une abstraction géométrique, le «suprématisme», terme attaché à son nom. Les formes géométriques sobres, abstraites puis tardivement figuratives, de tons noir, blanc vivement colorés, caractérisent son art.
Malevitch emprunte tout d’abord ses sujets à la peinture occidentale (baigneurs, portraits impressionnistes ou symbolistes) puis s’inspire de la vie paysanne, des portraits et des compositions cubistes. Ses toiles suprématistes se composent de formes géométriques: carrés, rectangles, cercles, croix. À la fin de sa vie, il revient au paysage et au portrait figuratif, réaliste ou suprématiste.
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Malevitch peint à l’huile, le plus souvent sur des toiles de moyenne dimension.
La vie rurale marque Malevitch. À Kiev, l’art populaire des peintres d’icônes et les décorations «primitives» des maisons de paysans le touchent. À Koursk, il apprécie les «naturalistes» russes Repine et Chichkine. À Moscou, il découvre l’art européen de son époque: l’impressionnisme, l’art nouveau, le néo-impressionnisme, le symbolisme, l’art nabi, Cézanne, le fauvisme, le cubisme, le futurisme, l’expressionnisme et l’avant-garde russe de Larionov et Gontcharova.
L’écriture d’avant-garde et hermétique du poète V. Khlebnikov l’encourage à l’abstraction. À partir de 1927, il subit le carcan du proletkoult (« culture du prolétariat»).
Les premières œuvres de Malevitch révèlent un parcours pratiquement autodidacte qui reflète l’évolution de la peinture occidentale des trente années précédentes, de l’impressionnisme au futurisme.
Malevitch y associe une inspiration plus locale, puisée dans les icônes russes, l’art «brut paysan» avec ses couleurs franches et ses formes simples, et chez les primitivistes.
Dès 1910, son art s’inscrit dans l’avant-garde russe. Le cubisme cézannien, analytique, et le futurisme italien ont un impact sur son œuvre. Malevitch poursuit l’exploration de l’écart entre le signe et la réalité, introduite par les cubistes, en cherchant à abolir l’opposition entre la forme et le contenu, fondement de l’esthétique figurative, pour isoler des signes «purs».. Ainsi, il crée le zaoum, toile a-logique, «outre-rationnelle», «transmentale, transrationnelle», sous l’influence du poète russe Khlebnikov et de sa métalangue (zaoum), composée de mots et de sons nouveaux libres et sobres. Malevitch choisit de privilégier la forme la plus simple, le carré, aux côtés de motifs figuratifs et abstraits simples (Éclipse partielle avec Mona Lisa).
Malevitch présente des associations formelles a-logiques, peintes ou en papiers collés, d’échelles différentes (Un Anglais à Moscou). Il rejoint momentanément la démarche dada en inscrivant un mot ou une phrase dans un cadre tracé sur une feuille de papier (Rixe sur le boulevard). Le dernier rideau de scène du spectacle la Victoire sur le soleil, un carré divisé obliquement en deux parties égales, l’une blanche, l’autre noire, le mène vers le suprématisme.
Lorsqu’il aborde l’abstraction, Malevitch poursuit le travail entrepris sur le rapport entre la forme, la couleur et l’espace. « Les artistes peintres doivent rejeter le sujet et les objets s’ils veulent être des peintres purs », affirme-t-il ; il met ce précepte en pratique avec Carré noir sur fond blanc, œuvre suprématiste, tableau clé de l’art moderne et toujours une grande inspiration pour un artiste peintre contemporain.
Puis Malevitch complique l’ordonnancement des rectangles colorés (Supremus n°58), pensant découvrir le degré zéro de l’art. Il met en scène des formes géométriques simples (carré, triangle, cercle…), noires, blanches ou de couleurs vives ou pastel avant de parvenir à l’harmonie «suprême» de Carré blanc sur fond blanc qui confond la forme et l’espace. Seule une subtile nuance de la facture, des coups de brosse, séparent le carré blanc du fond blanc du tableau.
La lumière joue différemment sur les deux textures blanches et en change légèrement la tonalité. «Voguez ! L’abîme libre blanc, l’infini sont devant nous ! », s’écrie en 1919 l’artiste passionné d’aviation et de cosmos. «Je me suis transfiguré dans le zéro des formes et suis allé au-delà du zéro dans la création, c’est-à-dire vers le suprématisme, vers le nouveau réalisme pictural, vers la création non figurative. »
Pour D. Vallier, «La forme a cessé d’être un signe de l’espace pour devenir une allusion à l’espace, et le tableau lui-même, par sa présence matérielle, n’est plus qu’une allusion à la peinture. »
Rétrospectivement, le peintre associera cet «abîme blanc» au renouveau social de la révolution russe. Il poursuivra cette recherche sur la géométrie et la couleur minimales sur fond blanc jusqu’en 1929.
Contraint de retourner en Union soviétique (1927), Malevitch prend (de gré ou de force) un nouvel itinéraire stylistique; il revient à ses débuts impressionnistes et primitivistes (A la datcha). Puis il associe le suprématisme à la thématique ouvrière prônée par le pouvoir socialiste, simplifie les formes qu’il revêt de couleurs vives, sans souci réaliste : visage clairement divisé en deux moitiés, l’une rouge l’autre blanche, avec des cheveux rouges et orange (Tête de paysan 1930, Saint-Pétersbourg, musée Russe), personnage réduit à une pure géométrie (Buste à la chemise jaune), colosses en position identique, la figure bicolore et les vêtements sobrement multicolores (les Sportifs).
Ces figures, des oeuvres d’art innovantes, apparaissent parfois sans détail: un ovale renvoie au visage, une main-moufle ne porte pas de doigt.
Ses derniers tableaux, très figuratifs (l’Ouvrière), se référent à la Renaissance (Autoportrait) ; ils demeurent suprématistes dans l’agencement du coloris. Sa signature, un carré noir, rappelle qu’il est l’«homme du suprématisme».
Malevitch est reconnu comme maître de l’avant-garde russe dès 1915. L’exposition de 1927 à Berlin confirme son importance artistique.
Pionnier de l’abstraction géométrique, comme Kandinsky et Mondrian, il est l’inventeur du suprématisme, signe de la fin de la peinture: il peint le premier tableau de l’art moderne (Carré blanc sur fond blanc).
Ses toiles abstraites du « monde sans objet » portent tout d’abord le nom de ce qu’elles montrent (Carré noir, Carré rouge, Croix (Noire)…) avant de porter un titre (Suprématisme ou Peinture suprématiste) et un numéro.
Malevitch invente le zaoum en peinture.
Après 1927, ses toiles figuratives gardent le même fondement géométrique et coloré que ses toiles antérieures abstraites.