Qui était Rembrandt ?
Peintre d’Histoire et portraitiste non conformiste, Rembrandt convainc et émeut par son art du clair-obscur, ses couleurs terreuses ou flamboyantes, sa matière empâtée, sa facture «expressionniste» dans ses autoportraits introspectifs et ses toiles où la représentation réaliste se mue en une réalité tout intérieure. Rembrandt fut aussi, sans doute, le plus grand aquafortiste de l’histoire de l’art.
Rembrandt privilégie la peinture d’Histoire et le portrait, simple, double ou collectif, et surtout l’autoportrait. Ses œuvres portent sur des sujets antiques, mythologiques, bibliques, de la vie quotidienne, des nus féminins réalistes, quelques paysages… Il peint de petits formats sur bois, mais aussi des toiles de toutes dimensions.
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Ses commanditaires sont essentiellement des notables (commerçants, médecins, prédicateurs) mais aussi des rabbins et des artistes. Il a honoré quelques commandes religieuses faites par les églises et réalisé pour le comte italien A. Ruffo des toiles historiques et héroïques.
Formé à Leyde puis à Amsterdam, Rembrandt apprécie la peinture de Léonard de Vinci, s’inspire de l’art dynamique et baroque de Rubens, du clair-obscur de l’Allemand A. Elsheimer dont les personnages à peine éclairés se fondent dans l’ombre. La peinture tonale de ses portraits féminins rappelle Titien.
Rembrandt refuse la théorie classique de l’art: la hiérarchie des genres, le dessin parfait, le beau idéal, la facture lisse.
À ses débuts, il est marqué par les conceptions de P. Lastman en matière de peinture d’Histoire, qui mettent l’accent sur les éléments réalistes et psychologiques ; Rembrandt retient aussi de son maître la richesse expressive du graphisme saccadé et des hachures.
Il souhaite présenter la peinture d’Histoire sous un jour nouveau, étranger au détail narratif et à la précision de l’art classique.
Parvenu à la maturité de son art, Rembrandt réduit l’espace, opte pour une palette de tons sombres quasi monochromes, autour de bruns, de gris, posés en taches juxtaposées.
Il choisit une facture empâtée et rugueuse appliquée à grands coups de pinceaux, des contours et des plans approximatifs inscrits dans une pénombre vivante, un clair-obscur poétique d’où la lumière rayonnante émerge, manifestant spectaculairement son réalisme naturaliste et sa vision fantastique.
Dans son œuvre tardif, il s’inspire de la Cène de Léonard de Vinci, il exprime dans les Pèlerins d’Emmaüs (1648) «une soudaine révélation scellant le destin des hommes». Son goût de l’ébauche l’amène à s’affranchir de tout effet spatial au profit de la mise en évidence de personnages monumentaux qui affleurent la toile.
Les compositions sont fortement structurées et dynamiques. La matière épaisse, la facture virtuose, aux tons chauds et terreux, flamboyants de rouges et d’or, font vibrer l’œuvre.
Rembrandt s’est essentiellement intéressé aux portraits. Ses portraits individuels offrent toute la diversité humaine: vieillards ridés, portraits de ses femmes en figures antiques, mythologiques, de son fils (Titus en habit de moine). L’expression des regards est directe, les femmes sont pétries dans une pâte riche, lumineuse et dorée rappelant Titien.
Le parcours artistique de Rembrandt, de la représentation «physique» de la réalité à la vie intérieure, se dessine à travers ses autoportraits, qui dévoilent les multiples facettes de sa personnalité: Rembrandt en patriote, en bourgeois, en gentilhomme de la Renaissance, en apôtre…, mais aussi objet d’une introspection narcissique et inquiète.
Dans sa jeunesse comme à l’âge mûr, sa lucidité est parfois sarcastique, mèches blondes ébouriffées, grattées avec le manche du pinceau, nez trop fort
Ses portraits de groupe (la Leçon d’anatomie, la Ronde de nuit donnent une impression de vie intense; chaque personnage, animé d’un mouvement propre, est à la fois individu unique et membre du groupe.
Célèbre et admiré de son vivant, Rembrandt connaît un succès immense, qui s’accroît encore au XXe siècle.
Anti-académique, il rompt avec les préceptes traditionnels de la peinture et introduit une plastique singulière qui anime ses sujets totalement repensés.
Il signe la plus vaste série d’autoportraits introspectifs de l’histoire de la peinture occidentale. Il rompt avec les règles du portrait officiel et trouve un nouveau mode de récit en imposant sa propre vision historique, littéraire, poétique, distante du calvinisme, au profit d’une histoire universelle, du peintre de l’authenticité humaine.
Rembrandt élabore une méthode de création qui lui est propre: il réalise des œuvres d’art à partir d’une esquisse, ébauchée dans un ton monochrome au pinceau, divisée en zones de couleurs à poser. Les fonds lisses et transparents sont les premiers exécutés. Les repentirs nombreux traduisent sa recherche du relief par le jeu du clair-obscur.
Le sujet et la facture, la couleur, la lumière sont en osmose parfaite.
Le peintre propose le premier un éclatement du langage pictural classique par des empâtements expressionnistes. Il représenté « une observation militante de la réalité» dans un métier varié, « premier germe de la dislocation du langage pictural ».