Qui était Michel-Ange ?
Michel-Ange représente, avec Léonard de Vinci, le génie par excellence de la Renaissance. Il se démarque de son temps par son esprit rebelle et son acharnement artistique. Il exprime une puissance plastique extraordinaire et développe une énergie tumultueuse, dont se réclamera le baroque. En tant que peintre, sa grande richesse d’invention, formelle et chromatique, s’épanouit dans une nouvelle conception de l’espace.
Michel-Ange réalise à Florence quelques peintures religieuses, commandées par de riches marchands (Agnolo Doni et Taddeo Taddei ) et à Rome trois décors religieux monumentaux, peints à fresque, à la demande des papes. L’artiste admire l’art de Masaccio à Rome, de Giotto à Assise et Padoue, et observe celui de Léonard de Vinci à Florence.
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Des Anciens, Michel-Ange prend le parti du volume, de la forme sculpturale et massive des corps et des vêtements (Giotto), de la maîtrise de l’espace et de l’art puissant et sobre (Masaccio). Malgré son goût du sculptural, il s’inspire des figures entrelacées de Léonard de Vinci: il exprime la beauté du corps masculin par des «académies» en mouvement, dans d’extravagantes attitudes et des raccourcis difficiles.
Il construit des liens complexes entre les personnages, par le jeu des corps et des regards . Il rejette les contrastes très appuyés entre l’ombre et la lumière mais pas le clair-obscur stricto sensu, qui permet notamment l’obtention du modelé ; il met en scène des couleurs vives, franches, acides, claires et métalliques, annonçant les développements maniéristes.
À Rome, ses inventions stylistiques et plastiques ébranlent l’art renaissant et annoncent le maniérisme et le baroque. À la chapelle Sixtine, il crée une composition révolutionnaire, très articulée, au quadrillage complexe.
Sur le thème, novateur, de la Genèse, il donne l’illusion de deux espaces symboliques distincts et pourtant unis, les espaces terrestre et céleste.
La surface courbe du plafond engendrant des difficultés de mise en perspective des figures, il les résout en juxtaposant des échelles différentes. Les nus colossaux et athlétiques, d’une grande force plastique, conçus comme des sculptures peintes et construits par masse, envahissent la voûte.
Michel-Ange accomplit l’intégration magistrale d’un décor pictural à une architecture réelle, en la complétant par des architectures feintes.
Les corps frappent par leur beauté, la virtuosité des postures, la figura serpentina (née du contrapposto, déséquilibre auquel s’ajoute un mouvement de torsion spiralée), la justesse du modelé ; le respect des canons de la beauté, corps allongés, musculatures fines ou puissantes, attitude en mouvement se conjugue à des couleurs stridentes et claires, allant du rose au parme, du jaune à l’orangé.
Son tempétueux Jugement dernier, peint trente ans après le plafond, rompt avec la tradition iconographique et avec l’organisation de l’espace.
Plus largement il se démarque de toute œuvre peinte qui l’a précédé ou qui le suivra.
Michel-Ange oppose au Dieu trônant dans le ciel des justes, un Dieu juge et vengeur. Les figures ne s’ordonnent pas de bas en haut, des damnés aux élus, suivant la structure spatiale claire du Quattrocento ; elles évoluent dans un mouvement giratoire et tourbillonnant d’une violence extrême.
Des groupes de nus trapus et massifs alternent avec les vides de la composition ; la forme, les attitudes et les expressions sont dramatiques. Les couleurs du mur, plus douces que celles de la voûte, créent l’unité de l’ensemble.
Dans ses dernières fresques, l’art de Michel-Ange, encore plus audacieux et libre, se dépouille: les nus imposent leur expression dramatique, dans des volumes simplifiés, les couleurs s’éclaircissent et s’adoucissent.
Michel-Ange est un peintre reconnu en son temps par l’élite et les mécènes.
Ses réalisations monumentales se sont Imposées depuis, à travers les siècles.
Humaniste, Michel-Ange pose les fondements révolutionnaires du maniérisme puis du baroque.
Le peintre renouvelle l’iconographie chrétienne traditionnelle (la Sainte Famille, le Jugement dernier).
Il crée une nouvelle gamme chromatique et effectue des rapprochements de tons audacieux, de nombreux cangianti (« passages » d’une couleur à une autre avec transition et diaprures). Il imagine la quadratura (architecture feinte, en perspective illusionniste), juxtapose des figures aux échelles différentes et invente la figura serpentina («figure serpentine »).
Par sa virtuosité et sa maîtrise de l’espace, il met en scène des compositions tourbillonnantes, où alternent des espaces vides et d’autres, emplies de figures foisonnantes.