Qui était Fragonard ?
Peintre et dessinateur d’esprit rococo, Fragonard est un artiste jovial et gai, sensible et impulsif, audacieux et libre. Son œuvre incarne les aspirations, les contrastes et les contradictions du XVIIIe siècle. Il témoigne d’une imagination vive, de dons brillants et d’une grande facilité d’exécution. Son sens du mouvement et sa virtuosité, sa palette sensuelle et blonde, la place de l’amour dans ses saynètes est représentative de son époque.
Fragonard s’essaie à tous les genres : portraits, scènes familières, paysages, pastiche de grands maîtres, miniatures, etc. Ils se plie aux sujets religieux, d’Histoire, mythologiques et allégoriques.
Il privilégie les tableaux de moyens formats et ovales, peint à l’huile sur toile.
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Ses commanditaires sont surtout des mécènes privés, le marquis de Véri, la comtesse Du Barry, mademoiselle Guimard… et ses amis, l’abbé de Saint-Non, Bergeret, etc.
L’artiste suit l’enseignement successivement de Chardin, Boucher et C. Van Loo avant de s’imprégner en Italie à Rome, Tivoli, Naples, Bologne, Venise et Gênes de l’art des grands maîtres italiens, de Carrache à Véronèse, de Baroche ou Solimène à Depolo, des baroques Corrège ou Pierre de Cortone. il peint avec le paysagiste H. Robert.
Il médite aussi, à Rome ou lors d’un hypothétique voyage aux Pays-Bas, sur l’art des maîtres du Nord, du paysagiste J. Van Ruisdaei, de Rembrandt, Van Dyck ou Jordaens. Au palais du Luxembourg, il copie Rubens, La Fosse…
Loin du circuit officiel et académique, Fragonard apprend de Chardin la réalité des choses. Puis «Fragonard fait passer un ressouvenir de Rubens à travers l’éclat de Boucher» (les Goncourt,1860).
Des maîtres italiens et européens, il retient plus particulièrement la chaleur de la couleur.
Son monde est celui de la joie de vivre, de la gaieté, de la franchise, du bonheur, de la fraîcheur surtout. Il est l’observateur qui jamais n’insiste ni ne caricature. Il décrit juste, avec le sourire, avec ravissement, avec une merveilleuse sûreté du regard.
Il évolue et reste toujours le même. Sa manière change selon les sujets, mais il excelle toujours à saisir l’instant Il atteint l’apogée de son art vers 1771.
Ses premiers tableaux d’Histoire, de grandes machines religieuses ou allégoriques, à l’art hésitant et sage, colorés et de style très « français », sont ensuite admirés de ses contemporains «pour la chaleur de la composition et l’entente de l’effet».

À Rome en 1759. ses paysages aux grands ciels nuageux et mouvementés révèlent l’influence du Hollandais Van Ruisdael. H. Robert lui enseigne la puissance et la «santé» de la nature, garante de la beauté, mais ne lui transmet pas son goût pour les ruines. Une végétation foisonnante, exubérante, et l’élément aquatique envahissent les tableaux de Fragonard.
L’artiste est le peintre de l’amour plus que du libertinage et de la grivoiserie. Ses premières scènes galantes se révèlent très proches de celles de Boucher, imaginaires, artificielles, élégantes, langoureuses, délicates et légères, d’un pur rococo ; elles dénotent un style déjà très sûr Les personnages se confondent ou se détachent d’une nature de plus en plus luxuriante. Les scènes d’intérieur, plus intimes, exaltent le désir et l’amour. La fantaisie des toiles de la maturité et l’art allègre des esquisses s’appuient sur la liberté de la facture. La sensualité, la gaieté et la vivacité des sujets trouvent un écho dans la palette vive et la touche libre, impétueuse, lyrique jusqu’à l’arbitraire, jusqu’à l’inachevé.
Les portraits font primer l’exécution sur la ressemblance, l’instantané des attitudes sur la pose. Fragonard parvient au rococo «extrême»: son métier hardi devient des plus modernes; son pinceau rapide et nerveux le conduit vers une quasi abstraction.
Après 1774, les allégories de l’Amour se multiplient; les sujets, moins directs, renvoient au style corrégien. Certaines œuvres rappellent celles des artistes du Nord. L’art de Fragonard s’imprègne de la leçon du néoclassicisme naissant; sa facture devient plus lisse. Les ocres et les bruns se substituent aux teintes vives, le clair-obscur apporte son mystère.
La mélancolie et l’inquiétude romantiques traversent son œuvre finale.
Fragonard est connu de son temps pour sa peinture d’Histoire. mais ses sujets galants lui assurent la gloire. Avec la montée du néoclassicisme, son art tombe en désuétude puis dans l’oubli, il retrouve sa place de peintre frivole dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous la plume des Goncourt, mais son talent de peintre d’Histoire et de peintre élégiaque n’est reconnu qu’au XXe siècle.
Maître du rococo, il déroge à toute règle, tant esthétique que technique. Sensible aux courants de son temps, il penche cependant moins vers le néoclassicisme que vers le romantisme.
Il invente la figure de fantaisie, une nouvelle conception spontanée du portrait. Il réinvente la représentation de l’Amour, qu’il régénère constamment. Il exprime une grande diversité thématique.
Le peintre maîtrise la technique de l’huile, du pastel, de la gouache, de l’aquarelle… Il introduit le goût de peindre comme acte «pur» et hisse l’esquisse au rang de tableau achevé. Sa rapidité d’exécution lui permet de peindre une toile en une heure.
Fragonard affectionne le jaune dans toutes ses tonalités, du jaune d’or aux ocres, et la lumière blonde, particulièrement dans ses évocations lestes. Son métier est libre et enflammé. Des traînées impétueuses de couleurs, vives et abstraites, épaisses et palpables, recouvrent la toile de manière parfois imparfaite, inachevée. Le sujet peut être relégué au second plan.
Puis, sous l’influence néoclassique, la facture devient lisse, illusionniste et porcelainée.
Les oeuvres célèbres de Fragonard
