Acheter en ligne une œuvre d’art à dominante verte, sachez que c’est la couleur de la végétation, celle que l’on voit dans les parcs ou à la campagne, bien sûr ; mais c’est une couleur qui se fixe mal, et qui oscille entre sens positif et négatif. Omniprésente dans nos vies qui se veulent plus respectueuses de l’environnement, elle est la grande absente chez les premiers artistes !
Tableaux contemporains de couleur verte
Les premiers artistes n’utilisent pas le vert
Les premiers hommes préfèrent couvrir les parois des cavernes de brun, de rouge et d’ocre, ou même de noir. On ne sait toujours pas si c’est parce qu’ils ne parvenaient pas à fabriquer le vert ou parce que cette couleur n’avait pas d’emploi dans leurs peintures… Elle est en tout cas fabriquée bien plus tard que les autres.
La couleur de la vie
Vert, chez les Romains, se dit viridis, ce qui se rapproche de mots qui évoquent la vigueur, la vie et la croissance : virere veut dire être de la couleur verte, et vigoureux ; vis signifie force ; et vir, homme, individu masculin, ce qui donnera le mot «viril ». Ce mot si court parle ainsi souvent de jeunesse, d’ardeur et de courage.
Le vert porte bonheur
Les Vikings aiment les tissus teints en vert avec des orties, des fougères, du plantain, et même des feuilles de frêne. Pour ce peuple du début du Moyen Âge, le vert est une couleur porte-bonheur. C’est aussi le cas chez les musulmans, le vert étant la couleur du prophète Mahomet.
La couleur verte de la fertilité
En Égypte antique, la couleur verte est associée à la fertilité, la jeunesse, la croissance, et elle peut aussi repousser le mal.
Au Moyen Âge, elle apparaît sur les vitraux des églises, l’émail, les enluminures, comme dans ce guide santé de l’époque intitulé Tocuinum Sanitatis, Les feuilles et légumes géants présentés, tantôt vert clair, tantôt vert foncé, nous emmènent dans un monde féerique où des plantes aux formes généreuses poussent comme des champignons, Cela rappelle que si l’on sait travailler en harmonie avec la nature, celle-ci porte de bons gros fruits !
Le vert des chevaliers
Le vert des troubadours et des chevaliers finit par se dévaluer, tout simplement parce que sa couleur ne reste pas toujours éclatante ; un peu comme l’amour, la jeunesse, la fortune ou le destin, qui eux aussi viennent à changer.
Elle devient une couleur frivole, immorale, et finit par porter malheur – probablement parce que l’on teint les vêtements avec du verdet, un composé extrêmement toxique, qui a entraîné la mort de ceux qui le portaient. C’est sans doute pour cette raison que les costumes de théâtre sont rarement teints en vert à l’époque ; cette habitude est restée.
La couleur des sorcières
… Et à tout ce qui a l’apparence d’un serpent Au milieu du XIIe siècle, le diable est noir ou rouge, mais aussi vert ! Depuis la fin du Moyen Âge, les bêtes effrayantes qui viennent tourmenter les hommes sont bien souvent vertes et en lien avec l’eau.
Le dragon est le premier concerné : corps couvert d’écailles, queue longue, crête d’aiguillons sur le dos, pattes de lion ou d’aigle, oreilles pointues, le tout, tout vert ! Seuls les yeux sont rouges. Tous les animaux de cette couleur sont considérés comme mauvais : les grenouilles, les crocodiles, les vipères, et il n’y a rien d’étonnant à ce que les sorcières, amies de ces animaux visqueux et aquatiques, soient elles aussi figurées tout en vert. Même aujourd’hui, dans nos films, les extraterrestres sont verts…
Vert pour les fonds de tableau.
Aujourd’hui, en peinture, on crée du vert avec du bleu et du jaune. Mais au Moyen Âge, il est mal vu de faire des mélanges et, même plus tard, beaucoup d’artistes peintres ont préféré les éviter.
Les premiers peintres fabriquaient du vert avec des plantes comme des feuilles de bouleau, de prunier, ou bien du jus de pétales d’iris ou d’une petite prune dite « du Latium ».
On pouvait aussi utiliser des minéraux. Le vert minéral le plus connu et le plus beau est celui obtenu partir malachite, qui concentre beaucoup de cuivre. Finement broyée, cette pierre colore les encres. On se sert aussi des terres vertes trouvées en Italie ou à Chypre. La plus stable est celle de Vérone, que l’on retrouve souvent pour faire des fonds de tableau.
Si les visages de certaines vierges à l’Enfant ou de saints du XIVe siècle semblent verts, c’est parce qu’avec le temps et l’usure, la sous-couche apparaît !
À partir du XIXe siècle, des verts chimiques sont créés, comme le vert émeraude. Pour le faire on ne broie pas la pierre du même nom ! C’est un mélange de divers composés appelés « acide borique » et « bichromate de potasse. Il y a aussi le vert de cobalt, mélange de zinc et de cobalt; le vert de cadmium, mélange de sulfure de cadmium et de zinc, et le vert Véronèse.
Le vert annonce l’attente d’un bébé
Le verger médiéval est un lieu de détente et de promenade en amoureux. Le vert, couleur emblématique du monde végétal, est donc aussi celle de la jeunesse et de l’amour. Les jeunes filles à marier sont souvent habillées de vert et lorsqu’un mariage est réalisé, le vert annonce l’attente d’un bébé.
Regardez ce tableau peint par l’artiste flamand jan Van Eyck, Le Mariage ou Les époux Amolfini. Il représente deux jeunes mariés. Alors que l’époux est habillé de couleurs sombres, son épouse est en vert sa robe très longue, doublée et bordée de fourrure, est superposée sur une autre robe bleue.
La couleur de cette robe et la présence d’une petite statue de sainte Marguerite d’Antioche, patronne des femmes en couches, sculptée à la tête du lit annonce la fertilité du couple et leurs futurs enfants, voire suggère que la jeune femme est déjà enceinte.
Au début du XVe siècle, Jan Van Eyck utilise un vert-de-gris, c’est-à-dire un pigment vert-bleu employé depuis l’Antiquité et issu d’un mélange de plusieurs acétates de cuivre. Il est considéré comme instable, mais mystérieusement dans les tableaux de Van Eyck, ce vert est toujours intense et intact même après six cents ans !
Du paysage au vert impressionniste
Au milieu du XIXe siècle, le vert est plus stable et peut aussi se faire avec des bleus et des jaunes, moins coûteux. Cela permet à la peinture de paysage de revenir sur le devant de la scène, surtout depuis que les artistes peuvent peindre en plein air grâce à l’invention des tubes de peinture. Regardez ce tableau de Berthe Morisot, la première femme à avoir participé activement au groupe des impressionnistes.
Élève du peintre paysagiste Jean-Baptiste Corot, elle invente une peinture où les verts et les bleus sont dominants. Dans Jeune fille dans un bateau avec des oies, c’est sa fille Julie, voguant sur une barque, qui sert de modèle. Mais cette scène est un prétexte pour représenter la beauté de la nature.
Celle-ci, sous le pinceau de Berthe Morisot, semble toujours agitée, car l’artiste peintre balaie la surface de coups de pinceau très visibles. Les couleurs ne se fondent pas mais s’entrecoupent, pour créer des formes aux contours très mobiles, comme si le vent venait lui aussi participer à la toile.
C’est l’époque des grands parcs aménagés dans les villes qui, avec l’industrialisation, cherchent à préserver ou à créer des espaces verts, moins pollués, pour les habitants.
Tableau vert, couleur préférée des européens
À partir de ce moment, le vert devient une couleur bien plus appréciée. Elle évoque aujourd’hui la nature et la fraîcheur, le parti écologiste, la santé (les vêtements des chirurgiens, des dentistes et les enseignes des pharmacies sont souvent verts), et tout ce qui est autorisé, comme le petit bonhomme vert qui indique que l’on peut traverser la rue !
Ce vert a connu bien des aventures et à présent, il peut être fier d’arriver en deuxième position parmi les couleurs préférées des Européens, après le bleu bien sûr !